“Our bodies are wild swans . . .”

April 7, 2015
translated by Hélène Cardona
Antonio Canova (1757–1822), detail of Psyche Revived by Cupid’s Kiss, marble, MR 1777, Musée du Louvre, Paris / © 2010 Musée du Louvre / Raphaël Chipault.
Antonio Canova (1757–1822), detail of Psyche Revived by Cupid’s Kiss, marble, MR 1777, Musée du Louvre, Paris / © 2010 Musée du Louvre / Raphaël Chipault.

Editorial note: Click here to read Hélène Cardona’s “Translation as a Love Affair,” her post on translating Arnou-Laujeac’s Plus loin qu’ailleurs.

            Our bodies are wild swans alit on the river of desire; our hearts, two waves rising to the ebb and flow of our eager breath, then diving back to their undivided source, burying space and time in the shifting sands of unfathomable abysses. The immensity calling me grants me the ocean, whole, in an embrace. And in my arms I have the same ocean for her. How can I but follow the occult wave pulling me far from earthly dampers, our Siamese bodies our only tie?

            If infinity is unbridled, hers is a tie of blood and light, a bond of love that cannot be unraveled. This infinity is not neutral but feminine. It depends on the beloved to fulfill itself, but it is endowed with a demiurge power whose gods alone know the secret. What soul resists the intoxicating wine of love and the desire for the absolute quickened by the vine? What lovers don’t harbor the memory of a plenitude to be reawakened, in the holy of holies of their intertwined bodies?

 

            We are drunk; and our intoxication never falters: five years of insolent beauty, of insolated power, five years spanning a single day, one sleepless night, travelers without luggage on a continent without seasons, in the heat wave of perpetual summer.

 

 

And then comes the fall.

 

 

            The pact with the heavens is broken. Paradise escapes beneath our feet: a cursed wind insists on making us fall from above ourselves, with implacable patience. Month after month, every stone of our imaginary temple collapses in a slow attack on reality.

 

            With the last breath of passion, all that remains of our faces are fallen icons; two angelic visages torn by the blade of a love profaned to vestiges. There only remain our soulless faces and eyes unable to withstand the vision of the fall. Only she and I remain: nothing. Nothing but the nausea whose sensation precedes the proclamation: the disenchantment.

            The disenchantment is an earthquake. It sweeps the memory of what was sacred, of what makes everything, of what is no longer. It takes it all away in its irresistible fall, even your shadow and light. It leaves you half dead buried under the rubble of a rupture that splits the earth, in a solitude peopled by silent shadows: possession and addiction, euphoria and lack, fusion and absence are millennial drugs whose hunger is vast and whose end is devastating.

Translation from the French
By Hélène Cardona

            Nos corps sont des cygnes sauvages glissant sur la rivière du désir ; nos cœurs, deux vagues qui s’élèvent au flux et reflux de nos souffles impatients, puis replongent en leur source indivise, enterrant l’espace et le temps sous les sables mouvants d’insondables abîmes. L’immensité qui m’appelle, c’est l’océan qu’elle m’accorde, tout entier, en un enlacement. Et j’ai pour elle le même océan dans les bras. Que puis-je, sinon suivre l’onde occulte qui m’emporte loin des étouffoirs terrestres, nos corps siamois pour seule attache ?

            Si l’infini est sans attaches, le sien est une attache de sang et de lumière, un lien d’amour indénouable. Il n’est pas neutre, il est au féminin son infini. Il dépend de l’être aimé pour s’accom­plir, mais il est doué d’un pouvoir démiurge dont les dieux seuls ont le secret. Quelle âme résiste à l’ivresse du vin d’amour, et au désir d’absolu qui en pressa la vigne ? Quels amants n’abritent point, au saint-des-saints de leurs corps entremêlés, la mémoire d’une plénitude à faire renaître ?

 

            Nous sommes ivres ; et notre ivresse, sans descente : cinq années d’insolente beauté, de toute puissance insolée, cinq années que nous traversons comme un seul jour, une seule nuit blanche, voya­geurs sans bagages sur un continent sans saisons, dans la canicule d’un été perpétuel.

 

 

Et puis vient la chute.

 

 

            Le pacte avec les cieux est rompu. Le paradis se dérobe sous nos pieds : un vent maudit s’obstine à nous faire chuter de plus haut que nous-mêmes, avec une patience implacable. De mois en mois, chaque pierre de notre temple imaginaire s’effondre dans un lent attentat du réel.

 

            Au dernier souffle de la passion, il ne reste de nos visages qu’icônes déchues ; deux gueules d’anges déchirées par la lame d’un amour profané jusqu’aux reliques. Il ne reste que nos visages sans âme et nos yeux inaptes à soutenir la vision de la chute. Il ne reste qu’elle et moi : rien. Rien que la nausée dont la sensation précède la proclamation : le désamour.

            Le désamour est un séisme. Il emporte la mémoire de ce qui fut sacré, de ce qui fait tout, de ce qui n’est plus. Il emporte tout dans sa chute irrésistible, même votre ombre et sa lumière. Il vous laisse à demi-mort enseveli sous les décombres d’une rupture qui fend la terre, dans une solitude peuplée d’ombres muettes : la possession et la dépendance, l’euphorie et le manque, la fusion et l’absence sont des stupéfiants millénaires dont la faim est vaste et dont la fin dévaste.

Editorial note: From Plus loin qu’ailleurs (Éditions du Cygne), copyright © 2013 by Gabriel Arnou-Laujeac. English translation from Beyond Elsewhere, forthcoming from White Pine Press in 2016, copyright © 2015 by Hélène Cardona.


Gabriel Arnou-Laujeac is the author of Beyond Elsewhere (Éditions du Cygne). His publications include Petite anthologie de la jeune poésie française (Éditions Géhess), Le livre de la prière (Éditions de l’Inférieur), Les Citadelles, Poésie Directe, Littérales, Polyglotte, Recours au Poème, Testament, 3è Millénaire and L’Opinion indépendante. He contributed to the book Irak, la faute, with Alain Michel and Fabien Voyer (Éditions du Cerf). He graduated from Sciences Po and holds a master’s degree (Fondements des Droits de l'Homme). He also studied philosophy and Eastern poetry. 

Hélène Cardona received her MA in American literature from the Sorbonne and has authored five translations and three collections. Her awards include the Independent Press and International Book Awards. She worked as a translator for the Canadian Embassy, taught at Hamilton College and Loyola Marymount University, and received the Royal Society of Arts Translation Diploma (Cambridge).